La vocation de Camille, c’est de devenir psychologue. Mais ce n’est pas en fac de psycho que la bachelière a été affectée mais selon ses derniers vœux : sociologie, sciences du langage et sciences sociales.
« J’ai tout eu sauf psycho, que je demandais dans mes sept premiers choix », se désole-t-elle. Selon une enquête publiée mi juillet par le premier syndicat étudiant, l’Unef, au moins 5 000 bacheliers seraient toujours en attente d’affectation ou assignés à un choix par défaut, en bas dans leur liste de vœux formulés lors des
admissions post-bac (APB)
. « La moitié d’entre eux n’a aucune affectation », rapporte William Martinet, président du syndicat, qui pointe une année particulièrement tendue.
« C’est dû à deux phénomènes : »
« des capacités d’accueil réduites à cause des difficultés budgétaires des universités et un nombre d’inscriptions en augmentation », estime-t-il. Face à ces tensions, encore plus criantes en Ile-de-France et dans les filières Staps (sport), droit, économie et biologie, certaines universités ont mis en place des procédures de sélection : entretiens, étude du dossier, alors que ce sont en théorie des filières non sélectives, accessibles à tous. « C’est illégal, le premier cycle en université doit être libre d’accès », dénonce l’Unef, alors que le secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, Thierry Mandon, a admis que, « dans moins de 10 % des cas », des difficultés existaient.
« C’est injuste, c’est un ordinateur qui a décidé pour moi ! »
s’indigne Camille, qui ne s’imagine pas sur les bancs de la fac de socio. « Au moment de rentrer mes vœux dans le système APB, j’ai été alertée par un message que je voulais des filières à capacité limitée », se souvient la jeune fille de Villebon-sur-Yvette (Essonne), qui avait décidé de mettre le maximum de chances de son côté : « J’ai aussi demandé psycho à Lyon où j’ai de la famille qui peut m’héberger. » Avec des bulletins solides récompensés par une mention assez bien au bac L, elle ne pensait pas faire partie des recalés. Impliquée, l’élève a travaillé dur, pour présenter le meilleur dossier et a d’ailleurs décroché un 18 au bac en littérature anglaise. « J’aurais adoré avoir mon premier choix, à
l’université Paris-Descartes
, où il y a des cours de psycho en anglais », regrette-t-elle.
Camille avait écumé les portes ouvertes et même assisté à la journée d’immersion de l’université Descartes. Et maintenant ? « J’ai pensé au privé, mais c’est beaucoup trop cher. » Accrocheuse, la bachelière envisage de suivre un cursus auprès d’une université publique… par correspondance. « Je prendrai un petit boulot en parallèle », se figure-t-elle, envisageant même d’aller au culot décrocher un entretien avec le président de la fac de son premier choix.
Le ministère de l'Education a indiqué qu'il étudierait les dossiers en souffrance et ferait « du cas par cas pour que les bacheliers aient l'affectation qui correspond à leur choix ». Avec 50 000 étudiants supplémentaires par an, Thierry Mandon met les pieds dans le plat : « Je lance une alerte, le choc démographique de l'université aujourd'hui […] mérite qu'on soutienne financièrement de manière pérenne et sécure les établissements. »
Flora Genoux
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