Bachelors hybrides. Mixer les enseignements pour tout maîtriser de A à Z

Mixer Management et technologie ou Management et design...ces bachelors ont décidé de franchir les frontières des disciplines, en mélangeant parcours et compétences. Explications.

Institut Mines-Télécom Business School. Ecole de commerce et de management, transformation digitale.
Institut Mines-Télécom Business School. Ecole de commerce et de management, transformation digitale.

    Jusqu'ici plutôt réservée à la toute fin des études, en particulier dans les mastères spécialisés (bac +5/6), l'hybridation des compétences gagne du terrain, pour intervenir dès les premières années d'études. Le principe  : un cursus qui enseigne à la fois le management et la technologie, ou encore le management et le design, etc. Avec, sur ses bancs, des étudiants venant des deux bords pour participer à cette aventure. « Étant donné l'histoire de notre école, créer un bachelor ingénieur-manageur allait de soi », explique Jennifer Malet, responsable du bachelor d'IMT BS, c'est-à-dire la Business School de l'IMT, le 1er groupe d'écoles d'ingénieurs de France. Une entité toute disposée à l'hybridation. « Notre programme allie les deux mondes. D'un côté, il apporte un socle de connaissances en gestion ; de l'autre, il creuse les problématiques digitales chères à l'école », appuie Jennifer Malet.

    Alchimie de profils

    La double-compétence fait l’objet de nombreux nouveaux diplômes. Exemple : l’ESG crée ESG Big data, ou encore ESG Green, où le marketing et les ressources humaines seront vus à travers le prisme du développement durable et des normes RSE.

    Les premières demandeuses de ce mélange sont les entreprises elles-mêmes. « Pour lancer une application digitale, par exemple, vous avez a minima besoin d'un technicien ou ingénieur, d'un designer et d'un profil business », résume Sébastien Tran, directeur général d'EMLV (École de management Léonard-de-Vinci), à Paris-La Défense.

    Bien travailler ensemble suppose d’abord « de comprendre et parler ces différents langages, de connaître assez finement les compétences qui interviennent », juge-t-il. EMLV proposait déjà un parcours de cinq ans avec Esilv, l’école d’ingénieurs du même groupe (Pôle Léonard de Vinci). Aujourd’hui, elle veut retrouver cette alchimie dans ses programmes courts.

    « Nous avons lancé un bachelor Tech & Management en 2020 et en ouvrons un autre à la rentrée avec IIM, la troisième école du groupe, intitulé Digital & International Business », annonce Sébastien Tran. Des créations qui répondent à « toutes les entreprises que nous avons sondées, qui nous ont fait part de ce besoin de recruter des profils à l'interface de ces domaines. »

    Ouverture d’esprit

    Au-delà du bagage technique, les bachelors hybrides misent sur l’ouverture d’esprit des étudiants.

    « Curiosité, esprit critique et prise de recul sont au cœur de notre pédagogie », souligne Jennifer Malet. Pour travailler ces aspects, IMT BS ouvre son programme aux sciences humaines sociales, au leadership, à la prise de parole en public… Un esprit recherché dès la sélection des candidats. « Nous n’attendons pas des élèves de terminale qu’ils soient rompus à la programmation ou au management », assure Jennifer Malet. En revanche, envie et curiosité seront vos biens les plus précieux. « Quand j’entends un candidat, en plein oral, m’expliquer maladroitement pourquoi j’ai tort, je me dis que nous tenons un bel étudiant ! », conclut-elle. N.C.

    Le chiffre : 83 % des professionnels du numérique sont diplômés du supérieur, contre 42 % de l’ensemble des actifs

    Source : Dares, 2019

    « Laisser s’exprimer les nuances et les goûts de chacun »

    3 questions à Tamym Abdessemed. Directeur général de l’Isit, institut de management et de communication interculturels, Paris

    Pourquoi ce bachelor avec Efrei, une école d’ingénieurs ?

    Quand vous travaillez sur des projets de communication internationaux, vous avez très vite besoin de collaborer avec des créatifs et des profils techniques. Le plus souvent, on opère ce mélange, au mieux dans les cursus de niveau master, au pire encore plus tard, dans le monde professionnel. Notre ambition, avec Efrei, est de créer cette hybridation en tout début de parcours, avant que les esprits

    des étudiants ne soient formatés par leurs disciplines respectives. Exactement comme pour l’apprentissage d’une langue, travailler ensemble deviendra un réflexe.

    Quels profils recherchez-vous ?

    Nous souhaitons laisser s’exprimer les nuances et les goûts de chacun, sans fermer de porte. Par exemple, de nombreux jeunes aiment la littérature et la programmation. Pourquoi devraient-ils abandonner l’une ou l’autre ? Nous aimons les étudiants qui ont plusieurs fibres et veulent continuer à les cultiver. Beaucoup de métiers exigent ce genre de mélange. Exemple, celui d’UX Designer suppose une compréhension technique, créative, mais aussi de culture, de compréhension des comportements.

    Est-ce aussi la promesse d’une meilleure mixité filles-garçons ?

    Cette question est très présente dans notre réflexion. Nos deux écoles appartiennent à des disciplines historiquement très genrées : la linguistique attire plutôt les filles, l’ingénierie les garçons. Nous faisons le pari que, comme celle des compétences, l’hybridation des sexes ne doit pas attendre bac +5 pour se faire, car il est alors trop tard. En intervenant au plus tôt dans la vie des étudiants, la mixité deviendra ce qu’elle devrait toujours être : naturelle.

    Zoom

    Du lycée à l’entreprise, la polyvalence

    Poussée par les recruteurs, l’hybridation des profils ne l’est-elle pas aussi par la réforme du lycée ? « Le nouveau bac participe effectivement à cet esprit de diversité des profils et de nouvelles combinaisons possibles », acquiesce Marc Gibiat, directeur des bachelors et mastères spécialisés d’Audencia Business School, à Nantes. En supprimant les anciennes séries (S, ES et L) pour permettre aux lycéens de combiner eux-mêmes leurs matières selon leurs envies (et leurs talents), la réforme du lycée rend d’autant plus pertinente la création de cursus transversaux.

    Audencia et Centrale, mariage nantais

    Audencia franchit donc le pas, cette année, avec la création d’un BBA (Bachelor of Business Administration, en quatre ans) conçu avec l’école Centrale de Nantes. Son nom : BBA Big data & Management. « L’idée est de mettre en commun les expertises reconnues de nos deux écoles, de nos professeurs, et de proposer un enseignement complet sur ce sujet capital qu’est la donnée », explique Marc Gibiat.

    Travail commun

    Sur un marché des bachelors déjà pléthorique et difficilement lisible pour les candidats, le programme a pu obtenir son grade de licence grâce au travail conjoint de la CEFDG (qui évalue la qualité des diplômes en Business Schools) et de la CTI (Commission des titres d’ingénieurs, qui fait de même pour les écoles d’ingénieurs). Des organismes qui n’avaient pas eu l’occasion de travailler ensemble jusqu’ici. « Toutes les lignes bougent : le lycée, les entreprises, l’enseignement supérieur comme les institutions », applaudit Marc Gibiat. Hybridation à tous les étages.

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