Humanités et techno : le défi des écoles de commerce

Impossible de passer à côté : sociologie, anthropologie, philosophie et cours de code ont envahi les programmes. Pourquoi, au juste ?

L'Homme de Vitruve - dessin de Léonard De Vinci.
L'Homme de Vitruve - dessin de Léonard De Vinci.

    Il a été recruté, en partie, pour ça. Olivier Jacquemond, philosophe de formation et directeur des études et de la pédagogie de l’ESCE, à Paris et à Lyon, a une mission qui lui tient à cœur : abreuver ses programmes de ce qu’on appelait jadis les humanités. Un concept à nouveau présent dans la plupart des grandes écoles. « Sous ce vocable, nous intégrons l’ensemble des sciences humaines et sociales comme l’histoire, la sociologie, l’anthropologie… », énumère Olivier Jacquemond.

    Des matières éloignées des anciennes priorités des Business Schools, mais devenues centrales : « Un manageur doit, aujourd'hui, faire preuve d’écoute, anticiper, prendre des décisions dans un environnement complexe », détaille-t-il. C’est le rôle attendu de ces disciplines, forger l’esprit critique, pousser à la réflexion et à la prise de recul.

    Intelligence humaine

    Parallèlement, un autre thème monte en puissance : celui de la technologie, propulsée dans les cours par l’avènement du digital. « Humanités et technologie peuvent paraître des sujets bien différents mais se rejoignent sur un point. Il s’agit de comprendre et parler le langage d’autres profils, d’autres cultures, avec lesquels nos étudiants seront amenés à travailler », souligne Franck Gavoille, directeur du Programme grande école de l’Essca. « Nous consacrerons environ 20 % de nos cours aux humanités », précise-t-il. Quant à la technologie, poursuit-il, « avoir une connaissance du fonctionnement des grands langages de programmation, des notions de code ou des enjeux de la data, est devenu essentiel pour piloter des projets en entreprise », estime Franck Gavoille. La « tech » verra donc sa place encore renforcée dans la nouvelle maquette pédagogique de l’Essca.

    Au Pôle Léonard de Vinci, à Paris La-Défense, l’école de management EMLV mise sur la force d’un groupe qui rassemble une école d’ingénieurs, l’Esilv, et de digital, l’IIM (Institut de l’Internet et du multimédia).

    Créer des passerelles

    Ici, culture générale et culture scientifique sont à l’honneur depuis des années. « Toute innovation, notamment technologique, s’inscrit dans un système social », analyse Sébastien Tran, directeur général d’EMLV. Savoir décoder les phénomènes sociaux et appréhender la technologie, sont les deux jambes qui mènent à la conception d’un nouveau produit ou service. « En comprenant la technologie, vous pouvez en traduire des usages, influencer la vision scientifique, vous prévenir de ses risques », illustre-t-il.

    Le Pôle Léonard de Vinci multiplie ainsi les passerelles entre ses trois entités, les professeurs d’une école étant souvent amenés à donner des cours dans les autres. Et les trois profils d’étudiants se retrouvent fréquemment sur des hackathons ou autres projets qui nécessitent leurs talents respectifs.

    Mais qu’on se rassure : les écoles ne cherchent nullement à former des développeurs et l’anthropologue Claude Lévi-Strauss reste au rang de module pédagogique. Mais attention : chez un étudiant, une passion peut très vite surgir.

    Nicolas Chalon

    « Réduire la distance cognitive entre manageurs et ingénieurs »

    3 questions à Sébastien Chantelot - Directeur de La Rochelle BS (groupe Excelia)

    Les humanités reviennent en force, pourquoi ?

    Que vous vous prépariez à devenir manageur, marketeur ou financier, vous devez comprendre le comportement des consommateurs et plus largement le monde dans lequel vous vivez. Nous veillons depuis longtemps à ce que 20 à 30 % de nos cours, selon les programmes, soit constitué de ces sciences humaines et sociales.

    Quid de la technologie ?

    Aujourd’hui, un manageur ne peut pas avoir de réponse s’il n’a pas un œil transversal. L’explosion du digital rend nécessaire d’acquérir des connaissances technologiques ou du moins de les comprendre. Dans toute entreprise, un profil business est amené à travailler avec des compétences plus scientifiques. En enseignant les technologies, nous réduisons la distance cognitive entre manageurs et ingénieurs.

    Comment cela se traduit-il dans les cours ?

    Il y a d’abord la dimension digitale de l’école elle-même, dans laquelle l’étudiant est sans cesse amené à manier de la technologie. Il y a ensuite des cours dédiés (transformation digitale, IA…) et, pour finir, des spécialisations hybrides conçues avec nos partenaires et qui donneront à nos étudiants un vernis scientifique plus ou moins spécialisé.

    Car un commercial dans l’aéronautique, par exemple, ne vend pas qu’un avion, mais des avancées technologiques, des systèmes embarqués… Il doit savoir comment tout cela fonctionne.

    Tendances 2020

    Classement 2020 des Ecoles de Commerce de Grade Master : Notre classement annuel pour s'y retrouver.

    → Classements thématiques : Top 10 des écoles pour l'international, Top 10 Sigem/choix des prépas, Top 10 Puissance financière, Top 10 : relations entreprises.

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