L'apprentissage recule en France... une voie royale pour l'emploi ?

Si la formule domine le bâtiment et l’artisanat, elle séduit aussi d’autres secteurs et des niveaux de qualification de plus en plus élevés.

L'apprentissage recule en France... une voie royale pour l'emploi ?

    Si la formule domine le bâtiment et l’artisanat, elle séduit aussi d’autres secteurs et des niveaux de qualification de plus en plus élevés.

    Tout le monde s'accorde sur un fait : entre 70 et 80% des apprentis ou alternants occupent un emploi six mois après leur sortie du cursus. Et pour une majorité, il s'agit de CDI et non de CDD. « L'apprentissage est clairement la voie d'accès privilégiée dans le bâtiment», appuie Armel Le Compagnon, PDG de la société Le Compagnon au Puy-en-Velay (Haute-Loire), et par ailleurs président de la commission formation à la Fédération française du bâtiment (FFB). Même son de cloche du côté des artisans : « l'apprentissage est dans nos gènes : près de la moitié des artisans sont passés par là », explique Alain Griset, patron d'une société de taxi et président de l'Assemblée permanente des chambres des métiers et de l'artisanat (APCMA).

    Dans ces deux branches professionnelles, bâtiment et artisanat, l'apprentissage est une voie primordiale de recrutement. Les universités régionales des Métiers gèrent environ 110 000 apprentis. Côté industrie lourde, l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) revendique 40 000 apprentis et alternants. « C'est une voie d'excellence car c'est la garantie pour les entreprises d'embaucher les bonnes compétences », ajoute Gilles Lodolo, directeur emploi-formation de l'UIMM. Le gouvernement a d'ailleurs lancé un plan de relance de l'apprentissage avec pour objectif de porter le nombre de jeunes en apprentissage de 426 000 actuellement à 500 000 d'ici à 2017.

    Le paradoxe des chiffres

    Car paradoxalement, alors que tout le monde loue les qualités de ce mode d’insertion dans la vie professionnelle, l’apprentissage recule en France : de 8% en 2014 par rapport à 2013

    . On est loin des objectifs — quelque peu utopiques — de la Loi Cherpion (2011), qui visaient 800 000 apprentis en 2015. Dans le secteur du bâtiment, la fonte ressemble à celle de la banquise : les CFA comptaient encore 80 000 apprentis en 2010, contre…un peu plus de 40 000 en 2015 !

    Pour expliquer cette situation préoccupante, la conjoncture au ralenti est naturellement invoquée

    . De même, la sempiternelle complexité réglementaire (Code du travail, maquis des incitations fiscales…) pèse aussi. « Et il faudrait un peu plus de stabilité dans les dispositifs », ajoute Alain Griset.

    Une offre de formations à renouveler d’urgence

    Mais pour Armel Le Compagnon, la raison est plus profonde : « les diplômes délivrés n'ont pas suffisamment évolué et ne correspondent plus aux besoins des entreprises ». Selon lui, il y a un manque criant de formation sur les économies d'énergie, ou sur le numérique. La crise de 2009, avec la pression sur les prix qu'elle a provoquée, a changé les habitudes d'embauches. Les entreprises ont tendance à réduire leur recours aux apprentis de niveau 4 (Bac pro) et 5 (CAP) pour sous-traiter ou utiliser de la main-d'œuvre détachée venue des pays de l'Est. Par contre, elles augmentent leurs recrutements sur les niveaux 2 (ingénieurs) et 3 (BTS), les encadrants, où les besoins sont croissants.

    Le plan de relance laisse dubitatif : « On ne va pas prendre un apprenti pour 1 000 euros de plus », lance Armel Le Compagnon, qui lui-même en emploie deux sur une vingtaine de salariés. La FFB a toutefois initié une démarche pour réformer les contenus des programmes — jalousement contrôlés par l’Education nationale — de façon à ce qu’ils soient mieux adaptés aux besoins des entreprises. Vaste chantier.

    Vidéo - L'apprentissage : c'est quoi le problème ?

    "Le Parisien Economie" a organisé son troisième débat en collaboration avec l’opération « 1 Million d’emplois » le jeudi 24 septembre, au Medef.

    Animées par Jean-Louis Picot (Rédacteur en chef adjoint), les discussions abordaient la question de l’apprentissage avec la participation de Jean-Claude Bellanger, Secrétaire général des Compagnons du devoir et du Tour de France, Florence Poivey, Présidente de la commission éducation, formation et insertion du Medef, Hella Kribi Romedhane, vice-présidente du conseil régional d’ Île-de- France chargée de la formation, Yannic Soubian, Vice-Président du conseil régional Basse Normandie et Gilbert Azoulay, Rédacteur en chef du Parisien Etudiant.

    EN SAVOIR PLUS

    À CONSULTER

    - ITII : www.itii.fr

    - FFB : www.ffbatiment.fr

    - Chambres des métiers : www.artisanat.fr

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