Logements étudiants à la ferme : le bon plan des agriculteurs

La chambre d’agriculture incite les exploitants oisiens à créer des logements étudiants au sein de leur domaine. Objectif : valoriser le patrimoine et diversifier les revenus.

Logements étudiants à la ferme : le bon plan des agriculteurs

    La chambre d’agriculture incite les exploitants oisiens à créer des logements étudiants au sein de leur domaine. Objectif : valoriser le patrimoine et diversifier les revenus.

    « La ville, ce n’est pas mon truc. » Depuis la rentrée, Emilie a posé ses valises dans son studio de Villers-Saint-Barthélemy, petit village de 480 habitants situé à une quinzaine de kilomètres de Beauvais. Mais pas dans n’importe quel appartement. « J’avais besoin de calme, de nature », précise cette fille d’agriculteurs. C’est donc dans une ancienne étable qu’elle a trouvé son bonheur, à quelques mètres des vaches de Xavier Phillipart.

    Depuis 2009, ce producteur de lait propose des studios via le réseau Campus vert, dispositif qui organise du logement étudiant à la ferme. Une façon pour lui de « valoriser son patrimoine bâti et d’obtenir un complément de revenus », explique-t-il.

    Un cahier des charges bien défini

    Et si la démarche reste encore quelque peu confidentielle, avec 22 logements dans l’Oise, elle n’a aucun mal à séduire. « Depuis qu’on a commencé, on doit avoir un taux de remplissage proche de 100 % », se félicite Xavier Talpe, agriculteur à Maulers, qui a rejoint le réseau en 2011. Après avoir retapé son étable qui tombait en ruine, il y a créé cinq studios, selon un cahier des charges bien défini par Campus vert.

    Si l’investissement est loin d’être anodin — le coût total des travaux est estimé à 250 000 € — Xavier Talpe n’est pas inquiet, vu la rapidité avec laquelle sont loués ces appartements d’une quarantaine de mètres carrés. « Dès qu’un locataire quitte les lieux, Campus vert nous trouve très vite des remplaçants », complète l’exploitant agricole, qui mise sur une quinzaine d’années pour que l’opération soit rentabilisée.

    Un succès assez logique, selon la chambre d’agriculture de l’Oise, qui vient d’organiser une conférence à destination des exploitants, afin de leur faire découvrir le dispositif. « Pour les agriculteurs, c’est une façon de diversifier leur activité en valorisant leur exploitation, souligne la conseillère diversification, Corinne Daunay. De leur côté, les étudiants peuvent accéder à un studio équipé et généralement 20 % moins cher qu’en ville. »

    Rémi fait partie de ceux qui ont choisi cette option. A 19 ans, l’apprenti paysagiste a opté pour un studio à Troussures, village situé à côté d’Auneuil. Et le jeune homme ne regrette pas son choix. « C’est neuf, bien isolé, pas loin des commodités, calme et le prix est très avantageux, liste-t-il. Ça va faire deux semaines que j’y suis et il n’y a rien à dire. »

    Pour autant, ce type de logement n’est pas fait pour tous. « Les gens qui viennent ont une certaine envie d’habiter à la campagne, développe Xavier Phillipart. L’an dernier, un des jeunes n’est pas resté très longtemps car il s’est rendu compte qu’il voulait être en ville. C’est plus simple pour les sorties le soir. »

    Le dispositif va s’étendre au Compiégnois

    A l’inverse, ceux qui embrassent l’aventure sont des motifs de satisfaction pour les propriétaires. « Ce sont des jeunes qui aiment le calme. En neuf ans, nous n’avons jamais eu de soucis avec eux », témoigne Xavier Talpe. Mieux, propriétaires et locataires entretiennent des liens. « Ils nous arrive de prendre un apéro, d’échanger sur divers sujets ou de manger une part de galette des Rois », raconte Xavier Philippart. « Le lien social est aussi une facette importante du dispositif », confirme Corinne Daunay.

    Si l’ensemble des appartements proposés à la location dans le cadre de ce dispositif se trouvent aujourd’hui dans le Beauvaisis, d’autres devraient suivre cette année dans le Compiégnois. « D’après les demandes, il y a une possibilité pour créer une quinzaine d’autres logements », assure Corinne Daunay. Pas d’expansion massive en vue, précise toutefois la conseillère. « L’objectif n’est pas que cela devienne un réseau de logements. » Mais bien une opportunité pour les agriculteurs.

    Le réseau Campus vert

    Pour rejoindre le réseau Campus vert, les agriculteurs doivent respecter un cahier des charges strict. Tout d’abord, rien de neuf ! Le but étant de valoriser le patrimoine bâti, l’exploitant doit utiliser un bâtiment déjà existant. Pour éviter toute concurrence et les travers d’une location à grande échelle, le nombre de studios par domaine est aussi limité à six. De plus, les logements doivent être équipés, se situer à vingt minutes maximum des universités, respecter la superficie et le loyer définis par le réseau. Dernier point : le propriétaire doit être sur place.

    « L’idée est d’entretenir un lien entre l’étudiant à l’agriculteur », complète Corinne Daunay, de la chambre d’agriculture de l’Oise. Ainsi, ce dernier doit proposer quelques services, comme la vente de produits locaux, le transport vers la gare ou encore des vélos.

    Les loyers, enfin, sont encadrés. En 2020, dans le Beauvaisis, comptez de 273 à 385 € pour un logement de 21 à 40 m 2. Rens. au 03.44.11.44.16 ou sur www.campusvert.com.

    Par Benjamin Derveaux

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